Créés par la note du Ministère de la Justice le 8 mars 1996 comme alternative à l’incarcération, les CER ont été conçus pour accueillir et accompagner des mineurs délinquants de 13 à 18 ans. Ils s’adressent à des jeunes qui ont un vécu institutionnel important, souvent multirécidivistes et qui ont souvent été suivis par la protection de l’enfance avant de relever du cadre pénal. La particularité du projet des CER est de répondre de manière singulière aux besoins spécifiques de ces enfants : la prise en charge accorde une place centrale aux principes suivants : une rupture avec éloignement, la place centrale du groupe, l’organisation en session, l’intensité éducative autour d’un programme d’activités.

Après avoir rappelé ce cadre d’intervention des 51 CER existants sur le territoire, dont 47 relèvent du secteur associatif habilité, Josiane BIGOT la présidente de la CNAPE a laissé la parole à Maurice Berger, ancien chef de service en psychiatre de l’Enfant au CHU de Saint-Etienne. Pour ces enfants placés en CER qu’il reçoit depuis 2014 au sein du CER où il exerce, Maurice Berger pose le constat d’enfants placés dès le plus jeune âge avec des pathologies de troubles relationnels précoces, mais pour lesquels on aurait un « Alzheimer institutionnel ». D’institution en institution, ces jeunes en quête de repères peinent à rencontrer une butée symbolique, un miroir à leurs actes, dont la violence gratuite continue de s’aggraver. Maurice Berger insiste sur l’importance de développer une réflexion clinique sur les pratiques de contenance à développer : « la contenance, c’est à la fois empêcher d’agir et écouter ce qui est dit. Au lieu d’externaliser la violence, la pensée peut advenir ». Cette réflexion nécessite de placer au cœur des interventions le travail sur les émotions vécues dans et par le corps. Dans sa présentation, Omar Zanna, docteur en sociologie et en psychologie, a présenté le travail sur l’empathie qu’il mène auprès des jeunes. Pour les enfants délinquants qui sont dans la dette d’un point de vue de leur responsabilité juridique, mais pas dans le don du fait d’une empathie difficile, il y a une forme d’« anesthésie à ressentir la douleur, l’émotion d’autrui ». Dans les programmes qu’il propose (le jeu des mousquetaires, la visite au musée), le corps redevient opérateur de la construction du lien aux autres par l’aspect collectif des scénarios proposés et la responsabilité des uns vis-à-vis des autres.

Trois CER (CER Hautes-Alpes du groupe SOS, CER Roger Hyvard d'Inalta, CER Moulin-le-comte de la SPReNe) ont ensuite présenté leurs expériences spécifiques autour des thématiques de la fugue, du soutien à la parentalité et de la capacité des jeunes à agir directement sur leur prise en charge.

A noter : la CNAPE a édité une contribution sur l'évolution des CER - pour un dispositif ouvert sur son environnement et inscrit dans le territoire. [2]